samedi 7 juillet 2007

De l'opportunisme à la liberté d'expression

Le fait de contribuer à l'action en retard* altèrera peut-être le sens de ma réflexion. Les propos de BTB et de Samsoum m'ont rappelé cette citation: "Les gens exigent la liberté d'expression pour compenser la liberté de penser qu'ils préfèrent éviter."
Söeren Kierkegaard
Malgré les photos, les procès, les rumeurs, la liberté d'expression est-elle vraiment interdite?
Il est vrai que la peur que relate Marsoise est bien présente, mais cette peur n'émane-t-elle de nous, d'un ghoul que nous nous sommes créés?
Est-ce l'expression d'une pensée libre qui est sanctionnée ou est-ce l'anarchie?

A la faculté, en première année, on suivait un cours de droit constitutionnel où le prof s'amusait à comparer, avec froideur et avec une indifférence mémorable, le régime présidentiel en Tunisie au modèle américain et au régime parlementaire en Grande Bretagne. Sans emportement aucun, sans acharnement, ses mots étaient juridiques, crus mais si vrais, sans langage de bois, aucun. Aujourd'hui, cet homme est un ministre. Mais, on peinait vraiment à disserter lors des examens, on était des fois gênés de répéter ce qu'il disait, et on avait très souvent des notes qui ne dépassaient pas 05/20 malgré nos efforts. C'est dire combien avons nous peur mais aussi à quel point ne comprenons nous pas tout à fait son analyse.
Aussi, nombreuses sont les mémoires sciences po' de ceux qui ne mâchent pas leurs mots en décrivant les situations ou en dressant les constats, et pourtant leurs auteurs trouvent souvent place au ministère des affaires étrangères, aux ONG ou des chaires dans les facultés.
Tout est dans l'art de critiquer calmement, posément, finement, juridiquement aussi peut-être.

Il est vrai qu'en dehors des murs de la faculté, les choses sont différentes.

Un de mes meilleurs amis a peiné il y a deux ans à avoir l'agrément d'un magazine pourtant à thème IT, bien qu'il s'agit d'un journaliste politiquement correct, mais travaillant dans un magazine à la réputation "indépendantiste", quoique en vrai rien n'en est. Voilà qu'il attend toujours ne serait-ce qu'un refus.

La situation de l'expression est plutôt traitée avec un grand arbitraire, au cas par cas, et souvent les motifs se rapportent aux sanctionnaires plus qu'aux sanctionnés ni aux propos sanctionnés.

Cet arbitraire semant le doute, associé à un opportunisme légendaire tunisien et à un salaire peut-être conséquent avec leurs efforts et niveaux mais pas avec le niveau de vie de la société poussent le journaliste dans des alliances mercenaires, faisant l'éloge de telle société de téléphonie mobile pour avoir le modèle dernier cri ou encore d'un Etat en contre partie d'une invitation de visite guidée aux frais de la Reine. Et je ne fais que relater des faits concrets.

La Une du magazine "Le point" du 7 juin 2007 a attiré mon attention affichant en grand "Education: enquête sur un désastre national", presque au même moment que les journaux tunisiens se réjouissent d'un résultat à la baccalauréat de 19,95/20, nous qui avons emprunté le modèle français et nous n'arrêtons de l'amender arbitrairement (Je reviendrai sur les maux de l'éducation nationale dans un post prochain, parce que, à mon sens, la parole, l'expression et la liberté de l'expression ne peuvent être dissociées de l'éducation) Il est vrai que cette image est cassée par cette Laurence qui a obtenu le bac français avec 20,27 de moyenne. Mais, les français ont tout de même le courage de catastropher leurs situations.
Au moment des présidentiels, ils parlaient de leurs situations socio-politique ainsi que économique comme si la France roulait à sa perte, comme si son économie est tiers-mondiste. Cet Etat a forcément ses problèmes, il a le courage de le crier haut et fort, au moment même que notre presse nationale applaudissait notre société roulant vers la débauche en la gratifiant de "qualité de vie - Jawdet el 7ayet", applaudissait notre éducation, alors que les professeurs rajoutent des notes aux étudiants, applaudissait nos PME, alors qu'il s'agit souvent de sociétés-écran constitués par plus de 5 personnes avec un capital social de Mille dinars (oui, c'est le minimum requis) pour offrir un chéquier à un homme de paille (7saan) qui périra en prison. Et j'en passe, parce que je suis fatiguée d'applaudir.

A nos journalistes, j'ai envie de crier que la liberté d'expression en Tunisie est possible, sous certaines conditions, comme partout dans le monde. Et ne me dites pas que la Presse américaine critique librement les vautours de la politique ni les multinationales de pétrole. Et ne me dites pas que le journaliste s'y hasardant ne risque rien, puisque à la police américaine se supplit souvent une mafia astronomiquement puissante. Ne me dites pas non plus que la presse française n'est pas engagée et que Bernard Henry Levy n'a pas des idées en tête derrière ce qu'il écrit. Mais, commencez par révéler nos maux, nos vrais maux, l'endettement, l'absence de valeurs, la prostitution... Nous avons si besoin d'études sociales, de nous dénuder. Le "pouvoir" que vous redoutez n'est que demandeur que vous jouissez de votre rôle de 4 ème pouvoir, loin des appartenances politiques, loin des règlements de compte mais aussi loin de tout opportunisme et d'esprit mercenaire.

* La semaine n'était pas du tout de tout repos.

9 commentaires:

Anonyme a dit…

la culture tunisienne sur tous les échelons contient des tabous,des interdits,on connait tous cette réalité:
dans le milieu du boulot,un cadre par exemple est considéré comme un ouvrier pas comme un élément contribuant à la réussite de la société et comme un acteur principal dans le futur qui aura de grandes responsabilités,puisque les grands acteurs ne changerons pas,ils monopolisent le pouvoir,cette description correspond énormément au peuple tunisien,qui n'a jusqu'a maintenant de droit que celui de respirer gratuitement l'air,et ce qui me fait mal au coeur que ce droit là est bel et bien réel puisque on paye toujours,les gens sont endettés,par conséquent n'ont comme précoccupations dans leurs vie,que de résoudre des problémes financiers et pas à s'exprimer pour améliorer leurs quotidien sociale que dire donc de leurs préoccupations du quotidien des autres,je vise dans ce dernier point les élus politiques.




PS:au debut j'ai voulu commenté avec mon pseudo mais vu que je veux retourner en tunisie cet été,j'ai annulé,surtout que j'ai une pére et une mére dans touness soit disant el khadra

Anonyme a dit…

aucune raison de te justifier tu es dans le vif du sujet et en plus c'est bien goupillé.

Houcine Choyakh a dit…

anonyme! on n'est pas arrivé à ce stade là comme même pour écrire ce scriptum et montrer une telle inquiétude surtout que dans votre post on ne trouve guère de choses graves justifiant cette méfiance ! grâce à Internet et à la blogosphère ça avance, certes à petits pas mais ça promet et ces efforts sont entrain de niveler vers le haut la qualité des débats et l’acuité des réflexions s’inscrivant pleinement dans l’engagement militant des uns et des autres pour plus de liberté d’expression.

Anonyme a dit…

@ anonyme: 3léh en France les gens ne sont pas endettés? la vie n'est pas tellement chère? On traite mieux l'employé? Fi tounes, ya des cas à part, mais ya aussi des exemples à suivre.
Tu tombe dans l'extrémisme anarchique dont je parle, et c'est ce qui empêche la liberté d'expression.

nasr a dit…

anonyme : ton comment illustre a merveille le post.

قالت صحيفة "الأخبار في عددها الصادر اليوم الخميس 28 جوان 2007 ، إن "أمين المال العام" في وزارة المالية سيتولّى "حجز" 6 آلاف مرتّب لتونسيين بالإعتماد على آلية الإعتراض الإداري و ذلك إبتداء من شهر جويلية القادم .

و تابعت الصحيفة أنّ "حجز" هذا العدد من الرواتب يأتي بعد عدم سداد هؤلاء المواطنين لقروض كانوا نالوها من الحكومة زمن دراستهم في الجامعة .

je ne voulais pas spammer, mais une question s'impose : si le tunisien ne cherche qu'à garder un certain niveau de vie, et un salaire qui lui permet tant bien que mal de s'endetter.. et la? qu'est ce qu'il va faire?

Anonyme a dit…

@ nasr: Au contraire, je te remercie pour l'info, que je suis malheureuse d'apprendre, mais finalement, ces crédits les étudiants n'ont jamais songé à restituer comme s'il s'agissait d'un droit. Et puis les sommes ne sont pas immenses. Le crédit universitaire ne dépassait pas 500dt par an, donc, au pire, il s'agit de 2000dt, k'une fois ils ont commencé à travailler ils auraient pu rendre.

Anonyme a dit…

Et puis en France pourquoi a-t-on inventé le crédit global? Parce que les gens ont plusieurs crédits à la fois, pour les regrouper en un seul, et puis mnt on parle d'un crédit habitat de 50 et 75ans en France, nous ne sommes qu'à 25ans.
L'endettement est une politique capitaliste, çà n'a rien à voir avec un Etat ou un autre, wa7na stenesna bel argent facile.

Anonyme a dit…

Si on veut mesurer la liberté d'expression d'un pays, il ne faut pas aller voir le premier ministre, mais le dessinateur de presse.

(je ne sais plus qui a dit un truc qui ressemble à ça mais ça colle parfaitement !!)

Anonyme a dit…

je me permet quelques visions tout a fait personelle! etant francais ben pour la libertée d'expression j'ai toujours penser que c'etait une vue de l'esprit! on croit avoir la libertée mais quand on sait que la presse et diriger par deux ou trois personnes.....................et pour ce qui est du social c'est mon travail et je peut dire que les credits ont precipiter pas mal de gens vers le rmi, la pauvreté, et franchement je trouve le debat beaucoup plus elever ici de votre part que sur certain blogs de francais qui ont renoncer a se poser des questions, vieux et jeunes confondus......et avec sarko la politique d social va pas s'arranger....(tout ca n'engage que moi bien sur!!!lol)
S.