vendredi 29 avril 2011

أنفــــــــــا

Encore un poème dédié à Anfa, la banlieue casablancaise gardienne de souvenirs intenses d'une adolescente affolée.

فصول من الشعر

تناثَــر أوراقها في قلبي

العذابُ... مفرد مجهول

المعنى

والبارحة... مات

المعنى

ولم أعد أملك إلا الصمت

الصمت و "جنات تجري من تحتها الأنهار"

نار ... لقلب دامي المطر... إعصــار

الصمت والليل وخيلٌ تراكضُ كاللّهب

الصمت والليل وغربة تذوي في صدري

فصول من الشعر

تروي عذاب امرأة تساقط كالموج

امرأة البنفسج والعوسج

امرأة من خوارق

نسيت الليل.. ونسيت المغزى

ولم يبق إلا الصمت

الصمت و "جنات تجري من تحتها أنهارُ"

الموت

من الخوف تعوي كالذئاب

من الوحشة والاشتياق

كل الخرافات التي روتها الجدّة

أيّام الحنين والبرج الأخضر

تمزّقني

وطفولة ولّت... تعود

نسيت المساءات الدافئة

والأحضان... ونسيت المعنى

ولم يبق إلا الصمت.

جيهـــان

28 أوت 1998

Boeing 737


Le premier poème en langue française, je l'ai écris à 18 ans, sur les nuages, pendant le vol de retour du Maroc. Casablanca m'avait tellement imprégnée. C'était mon premier voyage, mon premier rendez-vous avec la liberté. A Anfa, tout comme à Marrakech, j'avais vécu un beau conte de fée, savourant le goût d'être une Princesse d'un jour, une Shéhérazade.
J'avais prédis que je reviendrai un jour.

J’emporte la nuit
J’emporte les hirondelles
Tu te rappelles ? encore ?
Tu as oublié les chandelles
Les nuits roses, les quiproquos
Et les voix marocaines,
L’odeur d’autrefois ?
Je pars ce matin
J’éteins ma lumière
Et j’emporte la nuit
La chaleur des alcôves
Les yeux envoûtés..
Les lèvres affamées
Et si je fais exprès
De laisser mon parfum
Alléchant.. embêtant
C’est que j’ai envie..
de revenir

Jihen M.
1999

dimanche 10 avril 2011

Le tourisme à des années lumière des standards de base

La Tunisie, on l'aime, on la chérit. Conscient de l'impact du secteur touristique sur notre économie fragilisée par tant de racket organisé des jme3et besmellah (Trabelsi Inc.), le Tunisien fêtard de nature, attendait à peine l'appel des unités hôtelières pour répondre présent.

Durant des années, le tunisien était écarté du paysage touristique tunisien et ne servait que comme une cinquième roue de la charrette pour renflouer les caisses pendant les périodes mortes.

Rien que l'année dernière, avec des potes on s’arrêtait par un snack-bar comme ceux qui champignonnent sur les plages d'Hammamet et un peu partout, le snack était quasi vide, un serveur nous accueille dès l'entrée avec un "réservé aux clients de l’hôtel je ne sais quoi", on rebrousse chemin, alors que son chef nous récupère viiiite, sentant le fric. Un Mojito qui ne ressemble pas au Mojito et quelques tournées plus tard, une petite centaine de dinars s'ajoute au compte du proprio, et la petite bande de copains regagne Tunis contente de son après-midi au soleil.

Là, et pour répondre à l'action "I Love Tunisia", parce que vraiment We love Tunisia, parce que nous voulons sortir et nous en sortir, joindre à l'utile, l'agréable, je scrutais les offres (et spams) des agences de voyage depuis presque un mois, un 3 étoile sur Yasmine Hammamet propose 19 dt en LPD, 24 dt en Demi pension par pax, oui pourquoi pas, sauf que les photos n'étaient pas convainquantes. Je n'aimais pas le décor des chambres.

Jusqu'au jour où l'Hôtel Président annonça sur facebook une soirée de Pré-ouverture après RÉNOVATION. Le Week-end se promettait INOUBLIABLE si on se fiait à la brochure.


C'était l’hôtel de mes années lycée par excellence, je passais quasiment toutes mes vacances d'été au Tunisian Village de l'Hotel Président, durant pratiquement 10 ans. Que de tendres souvenirs, que j'aurai aimé re-partager avec mon chéri pour fêter notre deuxième année de mariage.

Nous sommes arrivés à 14h, comme prévu, et là, il y avait foule! Et bien tant mieux, si le buzz a réussi. Sauf que les hôtesses d'accueil arrivaient à peine à gérer la foule. On ne trouvait pas notre réservation, parce qu'on ne vient pas via une agence de voyage, alors que l’évènement était organisé sur facebook et alors que lors de la réservation par téléphone, mon interlocutrice m'a fait épeler le nom de famille de mon mari trois fois. La carte de consommation n'était pas prête (jusqu'à notre rentrée sur Tunis) et il fallait retourner à 15h pour prendre les bracelets, fameux accessoire du All Inclusive.

Ok, ce n'est pas si grave, elles apprendront à s'organiser et ils apprendront à mieux organiser les soirées à buzz.
Déjà à l'accueil, j'avais remarqué qu'un carreau de marbre de la colonne centrale, certainement cassé, était remplacé par un carreau d'une toute autre couleur, cela faisait mouche, et moi, je ferai celle qui n'a rien vu.

Comme je vous ai dit, dans les années 90, j'étais une habituée de l’hôtel Président, mais comme on était une famille "nombreuse", on prenait toujours un bungalow au Tunisian Village, donc, je ne connaissais pas les chambre de l’hôtel Président, proprement dit. Et puis, ils disaient bien qu'il était entièrement rénové, après de très longues années de location-gérance.

On monte au troisième, et là, face à moi, m'accueille un tableau :




Un tableau éventré, même pas restauré, alors même que les artistes peintres tunisiens, jeunes et moins jeunes, se plaignent que leurs tableaux encombrent leurs ateliers.

Après au couloir, des sordides personnages de dessins animés incitent au silence et au respect de l'autre, je reviendrai au respect de l'autre, à 4h du mat' après la fermeture de la boite de nuit, mais contemplez d'abord cet ouvrage, en 2011:


Vous avez peut-être remarqué les portes fraîchement peintes


et je passerai sur les autres détails de finition, dont de bien poncer les portes avant de mettre la nouvelle couleur. De toutes façons, la finition manque au professionnel tunisien, celui qui a bâti une maison peut en témoigner.

Nous posons nos bagages et partons déjeuner. C'était l'occasion de sillonner Hammamet de long en large et de faire l'état des lieux. C'est assez réjouissant de voir que plusieurs restos étaient ouverts, que les routes désemplissaient d'automobilistes aux voitures bondés, quelques touristes parsemés, çà va quoi!

Après deux essais de snack-bar à Yasmine Hammamet, le premier ne servait que des cocktails, le deuxième mettait une musique digne de souk la7ad, nous optons pour Brauhaus Yasmine, après tout elli ta3rfou khir melli mé ta3rfouch.

Dès l'entrée le désenchantement, je passerai outre des nappes sales, pour vous faire apprécier les chaises


et le cactus qui a subi des crimes de guerre


Jihen, arrêtes un peu de faire ta difficile! Je commande un "moules et colvis" figurant sur le menu, dans tous les restos déjà visités, le plat se sert avec des frites en accompagnement, d'où le traditionnel "moules-frites". Non seulement, il n'y a pas des frites mais aussi, il n'y a pas de clovis. Le serveur, aspirant à un bon bakchich fait le gentil comme quoi il m'a gâté en bien ajoutant des moules.

A vrai dire, la pizza commandée par Seif était bonne, rien à dire. Nous rebroussons chemin vers notre gîte du soir.

Voilà la déco de la chambre



Bon bof, c'est pas pour demain, les chambres sur catalogue en Tunisie, les lumières, .... et c'est pas pour la moitié du SMIG en Tunisie que je pourrai aspirer à çà :






Juste bon à savoir, la nuitée est à 79 € et celà se passe à Berlin.

J'arrête de rêver, j'aimerai juste dire aux hôteliers qu'à Souk El Grana et à la rue Med Ali se vendent des tissus beaucoup plus modernes à 5 dt le mètre.

Exaspérée, je commence à regarder la chambre de plus prêt:


Pas d'ampoule pour la lampe de chevet de mon côté.


Pas de télé, étrange!!! Je m’attendais à un écran LCD dans un hôtel fraîchement rénové, certains modèles coûtent à peine 100 dt, soit le prix d'une seule nuitée. Pourtant, il parait que dans la chambre d'en face, il y a bien une télé.
Par ailleurs, je souligne qu'il n'y a pas de coussin pour m’asseoir en me démaquillant.

Derrière la porte, une pancarte affichant les normes de sécurité:


Il y a un mois environ je discutais avec deux OGM (Operation General Manager) d'une chaîne internationale de la situation touristique en Tunisie. Ils m'ont appris qu'aucun hôtel tunisien ne répondait aux normes de sécurité internationale, d'abord il n'existe pas de bloc sonore/haut parleur dans les chambres pour informer la clientèle en cas d'incident. Imaginez un peu qu'en temps de crise, un opérateur prend le temps d'informer chaque client à part. Il paraît qu'à travers le monde le haut parleur est exigé mais également dans un certains nombre d’hôtel un signal lumineux électronique permet de communiquer aux sourds qu'il y a danger.

Egalement, les hôtels tunisiens ne disposent pas de spoilers qui laissent jaillir l'eau en cas d'incendie. Les incendies, cela n'arrive qu'aux autres, comme nous disions de la révolution.

Revenons à l’hôtel Président. Nous descendons au café-bar profiter de la soirée et du AI. Une queue traîne devant le comptoir du bar, outre la bière sans effet, on versait un jus dégueu dans un verre en plastique, et oui, je vous laisse désirer par vous même :




et quand le verre en verre est enfin disponible, il est ...


ébréché!

Après le dîner-buffet aux salades trop salées, (Bon, la pailla était bonne, il faut le dire), la soirée inoubliable s’avérait être un karaoké qui commençait par "Bakhta", des voix de saoules chantaient en choeur et ricanaient vachement. Nous décidons de ne pas être de la fête.
Finalement, notre soirée se résume à un thé au café Sidi Bou Hadid, sur fond d'Om Keltoum.


La soirée était tellement fabuleuse, tellement inoubliable, qu'il fallait prendre sa douche avant de dormir. Une pancarte écologique collée au miroir. Tiens, ils ont su que j'ai le coeur aussi vert q'une salade. La pancarte nous incite à économiser l'eau et le détergeant en ... "ne pas laissant nos serviettes salles sur le sol de la salle de bain." Et oui, je souligne la faute d'orthographe, et l'ingéniosité du conseil "écologique".


Maintenant, je vous invite à voir de plus prêt la douche, d'un hôtel qui n'affiche pas le nombre de ses étoiles, mais qui affiche comme enseigne "Hotel Président & Tunisian Village Ressort & SPA", j'en rêvais d'un SPA, mais à défaut, je devais me contenter de çà :




Il m'aurait répudié mon mari pour des carreaux aussi crasseux chez moi. D'ailleurs, j'aimerai bien inviter le proprio dans mon humble domicile de salariés moyens.

Fatigués de la soirée, fatigués de cet hôtel, fatigués des slogans, il était temps de dormir, sauf qu'on est en avril, et que la nuit se fait douce, et que la chambre ne dispose pas de chauffage central, et qu'à la place elle dispose de couvertures qui datent d'au moins 20 ans, d'ailleurs elles ne se vendent plus en Tunisie, et aussi il y a çà :


Je vous prie de remarquer le fil qui pende :)

Nous nous endormons tant bien que mal, en attendant un lendemain meilleur, jusqu'à... 4heures du mat'. C'était l'heure de fermeture de la boite de nuit, et là, commence d'abord les cris dans les couloirs, après les cris dans les chambres.

Bonne nuit la Tunisie, ton tourisme est low cost, low cost il restera jusqu'à ...