lundi 23 avril 2012

Conte de fée béta. (Tome I: cyber-renocntre)

3 ans de mariage, çà se fête! Comme au premier jour, je crie encore mon amour sur tous les murs (blog, facebook, twitter, google+) et partage avec vous, chers voyeurs, chères voyantes,  un contre de fée version β (çà bugait bcp, bcp moins mnt grâce à l'informaticien concepteur). En voici, le tome I, cyber-rencontre.

Si comme moi, vous n'étiez pas prédisposée au mariage, notamment qu'en tant que :
- Debeauvoirdiste/Veiliste  acharnée, 
- idéaliste, idolâtrée et un peu idiote sur les bords, 
- internaute accro, 
- sociable-solitaire, 
- faetalement/fatalement liée à tes meilleurs amis garçons (qui ne veulent de toi qu'en tant que Grande amie),  
- avec une langue de 15 cm et que tu ne peux ni tenir dans ta poche,  ni tourner plusieurs fois,
- écrivant des poèmes décrivant ton émoi vulnérable et la gourmandise de tes sens, 
- workoholic acharnée à l'ambition démesurée dépassant les limites de tes capacités mentales réelles.  

L'insistance exaspérante des tantes qui te pourrit davantage les ambiances pourries des fêtes de famille t'a, des fois, donné l'idée de te marier pour te délivrer du calvaire, mais, l'envie n'y est plus, rien qu'en se rappelant que: 
- Tu as déjà été amoureuse et tu pense que "amour rime avec toujours" c'est du has been; 
- Tu ne veilleras plus tard sur ton PC à tweepler avec un geek boutonneux; 
- Tu devrais faire à manger deux fois par jour, 7 jours sur 7; 
- Tu devras laver, repasser, plier les vêtements de Monsieur;
- Finis les cafés et apéros d'après l'boulot avec des inconnus que tu ne reverras plus jamais. 
- Et l'argument de taille, est que tu es avocate et qu'à 27 ans, tu as déjà 13 divorces sur le dos. 13 divorces, 13 couples, 13 histoires, 13 vérités mitigées et quelques enfants au bord de la dérive.

Et un jour....
Le prince charmant sur son msn 2007, sirotant son jus d'orge, tape ton mail et te salue. 
Cendrillon devant l'écran poussiéreux de son NEC qui s'échauffe et s'éteint chaque fois qu'elle bouge les jambes, lui répond poliment, elle qui peut être grossière avec les asv, cam plz.
Le prince charmant a un bon français, de l'humour à en revendre, une culture encyclopédique qu'il étale à petites doses et sans prétention aucune. Il était blogueur mais ne se revendique plus comme tel.
Tu es une bloggeuse au blog rose, tout à fait banal, avec des mots d'amour qui riment bien.
Il est hésitant, marginal, anarchique, il a un boulot qui ne lui correspond pas, mais qui sonne bien.
Tu as un boulot qui ne te correspond pas, mais qui sonne bien.
Il en a marre de ses conditions. Il décrit une grande maison avec jardin arborisé comme misérable. Le fils à maman qui a eu son Commodore quand des gens n'avaient pas de quoi acheter un cahier, appelle misère le défaut de job-étudiant dans un pays qui ne sait pas cadrer ses étudiants qu'il éparpille au gré du vent.
Tu as marre de tes conditions, mais tu t'en fous tellement tu vis sur un nuage. 
Tu as marre de ton chauffeur qui te suit comme ton ombre, alors que tu n'as pas de quoi lui payer son café.
Tu as  marre du paraitre, tu as marre des gosses de riches qui te trouvent pas assez bien pour les bals de charité, et tu as marre des opportunistes qui pensent pourvoir faire une ascension en épousant la princesse des pauvres. 
Tu as marre de ceux qui ne te trouvent pas suffisamment émancipée et exigent que tu coupes le cordon ombilical.

Une semaine de pingpong verbal et de défilement de photos de profil passa, le prince offra à Cendrillon un café et une longue marche, puis une citronnade aux amendes chez Chalghoum, puis deux, puis une glace, et la glace fonda de jour en jour.
Il parait qu'il a apprécié son audace verbale et son détachement, qu'en sais-je.  
Fidèle au reflet qu'offrait sa webcam, il a l'air d'un étudiant européen, peau claire, grains de beauté, châtain, lunettes, mains soignées, angélique, déprimée, mais pas du tout déprimant. Tout à fait le style qui meuble les nuits étoilés de Cendrillon 2.0.

Ils découvrent qu'ils habitent le même quartier-dortoire surpeuplé et assommant. 
Raison de plus, pour ne plus se quitter.
Ils se disaient amis, parlaient de tout, de rien, refont le monde, le défont, le défient. 
Les amis ont appris à se connaitre par coeur, au moindre battement de cils, au moindre souci, au moindre désir.

Le prince charmant était trop fatigué par la vie pour apprécier les filles sophistiquées et les paroles planifiées. La transparence est plus reposante, même si elle écorche vif et sans pitié.

Il disait détester le mariage et les institutions faussées. Il détestait surtout les responsabilités, les contraintes, les comptes rendus, les relations arrangées, et au-dessus de tout il déteste les mensonges. Les filles tunisiennes étant menteuses par essence, moi incluse, si ce n'est pas obligation, c'est par refus de la réalité. 

Cendrillon mettait la barre haut. Le saut à la perche ne lui faisait pas peur, par défi ou par insouciance, tellement il n'y croyait pas, il réussit à être à la fois un bon ami, un bon amant, un bon mari et un bon père.

Durant toute la saison chaude, ils veillaient à chuchoter et à regardaient des films, l'âme sensible se cachait derrière son dos à chaque scène violente, on dirait qu'il choisit les films exprès. Elle dormait tôt, il la bordait et rentrait chez lui. Un kilomètre à pieds c'est long surtout quand il a commencé à venter et à pleuvoir.  Et c'est ainsi qu'ils se fiancèrent un 31/12.

Durant les fiançailles, ils sentirent que leur bonheur leur a été confisqué et devenu tributaire des us et coutumes, des qu'en dira-t-on, des "beldeya ydannou hakka", de ses concepts de designeuse refoulée,  de l'écart entre les moyens et le rêve.
Fiancé, le prince faillit oublier ses théories d'égalité et de liberté et faillit oublier pourquoi Cendrillon étaient différente des Cendrillons et pour quelles raisons la paire de chaussures qu'il lui offrait ne pourrait aller à aucune autre.
Fiancée, elle n'était plus tout à fait son amie. 
Fiancée, Cendrillon qui ne rendait des comptes qu'à sa manière, s'est rendue compte qu'elle était désormais traquée. Les textes de De Beauvoir, l'idéal de femme libre qu'elle se jurait de l'être et de le rester se mêlaient à tous les drames d'adultes consentants, ses clients, les femmes battues, trompées, ensevelies,  ses ex et leurs indélicatesses, tout tournait dans sa tête comme un moulin à vent, comme un tourniquet de cartes postales abimées. 

Heureusement que les membres des familles réciproques s'appréciaient tellement et admiraient le couple de tourtereaux improvisés qu'ils ont toujours essayé de cimenter les fêlures d’orgueil blessé.  
En dehors du joug usager, Cendrillon et son prince savaient que c'était leur seule chance de rencontrer l'alter ego, celui qui t'accepte comme tu es, qui t'admire pour ce que tu es. 
Et puis et surtout, les peaux se sont rencontrés et ne sont pas prêts de se quitter, advient que pourra . 

Et c'est ainsi que le prince épousa sa Cendrillon par un jour pluvieux. Le Ciel a inondé la Terre par tous les pleurs qu'a versé les solitaires.  

.. to be continued (نعود بعد الفاصل)