Le 25 juillet 2007, j'avais écris pour les valeurs républicaines bafouées, c'était une goutte dans un océan de peines perdues. J'avais désespéré au point de focaliser sur ma vie, d'essayer de m'en sortir, de me construire un pays dans le pays, de rêver de partir ailleurs et puis de rester.
Et puis un jour, un homme qui ne pouvait pas partir ailleurs, qui ne pouvait plus rêver, qui ne pouvait rien se construire s'immole d'un feu qui fait naître "the wind of change", d'autres s'en suivent et un sirocco rafle l’arbre serpentin qui s’accaparait de la Terre bénie d'Afri9ia. Tous les désespérés, tous ceux qui n'y croyaient plus descendent dans la rue et crient d'une seule voix.
"Peut-être qu'une main du Ciel l'a poussé", le vieil arbre venimeux vaccille et tombe, les racines restent accrochées, à la quête de la moindre goutte d'eau qui le ravive et recrée son printemps. Les racines poussent loin et poussent encore à la recherche de cette goûte d'eau, et ne manquent pas d'idées. Toi, qui s'obstine à ne pas t'inscrire pour les prochaines élections. Veux-tu l'arroser?
Tu n'y crois pas... vraiment?
Pour un peuple qui n'y croyait plus depuis toujours, comment y croire aujourd'hui?
Cela aurait pu être autrement, si au lendemain de la révolution, le comportement civique des tunisiens auraient changé, si les tunisiens se mettaient à respecter un code éthique et moral irréprochable (sur la route, dans les affaires comme dans la vie), "à défaut de respecter les règles de droit élaborées par les Ben Alistes pour marcher dessus". Si au lendemain de la révolution, les tunisiens se sont focalisés, tous ensemble, à soigner les maux d'un pays pillé, au lieu de commencer les vagues de revendications, de surenchères, de diabolisation, d'expiation.
Que peut-on nous demander, nous sommes le fruit qu'ils ont cultivé durant des décennies. Nous avons souffert de la générosité et de l'altruisme de nos parents et grands parents combattants et/ou bourguibistes qui ont tout donné à la Tunisie, à leurs familles, à leurs voisins, nous laissant assoiffés devant ces Trabelsi et autres qui boivent à ivresse. On nous a appris à détourner, à contourner, à arborer le chemin le plus facile, à écarter les adversaires de la course par tous les moyens, et que le meilleur gagne, sans Dieu ni maître. Tout est déterminé d'avance, le pourcentage de réussite aux élections, le taux de réussite d'un concours, le nom de l'adjudicataire des offres publiques, et même la date du 3id.
فاقد الشيء لا يعطيه
Je n'ai plus rien à donner à cette Tunisie qui ne m'a rien donné, on m'a suffisamment déplumé et voilà que j'apprends que le 26-26 n'était que la Caisse d'épargne de Leylon. Et voilà que les mêmes visages pourris reviennent avec la caisse de la citoyenneté. La Tunisie ne prend pas le temps de déraciner l'arbre venimeux et à réfléchir à restaurer la forteresse et à dresser les premières pierres de fondations d'une société saine, juste et active. L'article 57 de la Constitution, le mal bien nécessaire, nous a joué bien des tours. Et les racines sont coriaces. Les gouvernements se suivent mais ne changent pas la politique de mendicité de Ben Ali, à l'intérieur comme à l'extérieur, on ne fait que quémander de l'argent, au lieu de mobiliser l’incitative privée nationale et internationale.
Des Kasbas se suivent, une 9obba, des sit-in, des marches, de sens et d'autres, pour et contre, et moi humble citoyen je n'y comprend que dalles. Chaque fois qu'un homme politique m'impressionne de son discours, d'autres le discréditent et tombe de son piédestal.
Justement les discours, j'en ai ras les oreilles. Un auguste aux mains ensanglantés m'en a prononcé des milliers, à toutes occaz, j'en attendais un même pour mon anniversaire. Ces dernières années, le clown étant fatigué, sa femme s'y est mise de toute sa force "de conviction".
Post révolution, j'ai assisté à des meetings, moi qui n'a jamais mis les pieds dans le rassemblement. Mais finalement, en quoi les meetings sont différents du rassemblement, tel que relaté si longuement, jadis et naguère, au télé journal et partout ailleurs.
Ils sont tous pareils, "la politique n'est qu'un jeu de mensonge!" Or, je me suis réveillé de mes songes et je veux du concret, là tout de suite. Un monde meilleur, la fin de mes insomnies, des espadrilles pour mes gosses, des cahiers, un sourire qui embellit ma femme, sinon j'en prendrai une deuxième.
Bandes d'incapables! En six mois, les prix ont augmentés, l'augmentation salariale n'est pas encore décidée, en tout cas qu'est ce que cela m'importe, désormais je n'ai plus de boulot, l'UGTT nous avaient promis monts et merveilles, nous avons enfin osé faire face au Boss, à coup de "Dégage", mais notre révolution a été avortée, et on s'est retrouvé à la porte, deux cents quinze.
Tu me demandes de m'inscrire? de voter? Pour des promesses qui ne seraient pas tenues? Pour des hommes qui m'appauvriront davantage pour rouler en caisse de députés, toucher un salaire de députés et inscrire dans l'Histoire leur nom en tant que députés de la Constituante de la IIème République de Tunisie?
Pour qu'un jour, un livre d'école enterre leurs passés et inscrit leurs noms sur la page d'en face que celle où figure Habib Bourguiba, Jalouli Fares, Mongi Slim, Mohamed Masmoudi, et les autres.
Alors pourquoi il faut y croire?
Même si vous pensez que ce qui se passe en ce moment n'est qu'une mascarade et que les partis politiques, les hommes d'influence, les journalistes, les avocats ne sont que des marionnettes qui servent des intérêts qui t'échappent, même si tu pense qu' "à partir de maintenant, on fera comme d'habitude". Sachez que rien ne sera plus comme avant! Personne, mais vraiment personne ne maîtrise absolument la situation. Toutes les forces doivent composer avec la situation présente, avec les imprévus. Et L'imprévu, l'imprévisible, le non-maîtrisable, le non-dompté, c'est justement toi! Toi, qui ne sait à qui donner sa voix, si chère aux enchères! Toi, qui ne sait sur quel pieds danser. Tunisien riche de ta bipolarité, de ta culture millénaire, de ton islam "concocté à ta manière pour convenir à ton rythme de vie", de ton arabité "si différente des autres arabes et si proche à la fois"
Aujourd'hui, j'ai 31 ans, je n'ai jamais voté. J'ai toujours été une révoltée muette ou presque, et je n'en suis pas fière.
Aujourd'hui, indépendante indécise, je suis décidée à voter, parce que ma voix compte. Quel que soit le résultat du vote, parce que justement un vote libre et transparent n'est jamais prévisible à l'avance, et parce que démocratie rime avec indécis. Contre toutes attentes, l'Histoire de la Tunisie sera dessinée par les indécis.
J'irai voter parce que chaque membre de ma famille votera pour un parti différent, nous nous aimons, çà crée notre richesse.
J'irai voter en toute confiance parce que les miens (ma famille et ma tribu de facebookers, bloggers et copinautes) se sont jurés, chacun de son côté, à faire le contrôle des bureaux en citoyens avertis et à dénoncer tout abus. J'aurai des yeux partout. Il est vrai que Facebook regorge d'hoax, d'intox, de manipulations, mais je fais confiance aux miens.
Tu te dis, je n'ai jamais lu la Constitution précédente, qu'est ce que çà changera pour moi, je composerai avec le régime que choisira la majorité, après tout qu'est ce que j'y pige en régimes politiques?
Ce n'est pas un Président qu'on choisit là, ce n'est qu'une assemblée provisoire... (qui tracera les lignes directrices de ton petit monde)
Et bien oui et non, voyons le nombre de décret-loi et décret promulgués par ce gouvernement plus que transitoire? 68 décret-lois et 947 décrets, si on se fit au JORT n°53 du 19/07/2011. Même moi, juriste et déterminée, j'ai pas encore eu le temps de tout lire. Une ribambelle de textes hasardeux et désastreux tels que le décret-loi n°30 relatif à l’amnistie des chèques sans provision, tel que les investissements immenses pour faire des pôles technologiques et zones industrielles sur des terrains fertiles, au lieu de donner des fonds aux facultés déjà construites et de bien les équiper pour encourager la recherche)
Tous ces bruits t'assourdissent, t’abasourdissent? La démocratie rime aussi avec animosité. Ce sont les règles du jeu, il n'y a pas à avoir peur des faux combats, des débats télévisés des gens qui parlent chinois qui disent la chose et son contraire en un tour de mot, çà ne fera que tamiser. وما يقعد في الواد كان حجرو
Tu appréhende le choix? Et si ton choix s'avère une grande erreur? Soit! Demain ne sera jamais pire qu'hier.
L'appareil Ben Ali nous a dopé de faux conforts, le confort d'habiter un appart perché, celui d'avoir une voiture populaire, celui de prendre un crédit sans épargne et surtout la grâce d'avoir un supermarché à proximité et les soldes à chaque saison.
Il faut savoir s'en passer, quelques fois.. pour te construire un véritable luxe de vie. Manger les fruits de son jardin, faire son savon, son plateau, offrir un nid d'ange fait de ses propres mains. Tes enfants s'ennuient, un tour dans les champs les plus proches de chez toi s’avérera plus plaisant et moins coûteux qu'un tour au supermarché et un sandwich/café au broyant et combien désagréable fast-food/salon de thé le plus en vogue.
Regardes ce qui se passe ailleurs, les modèles économiques, le retour des européens à la nature, à l'économie, à l'austérité, au moment où toi tu es pris dans les grippes des apparences trompeuses. Les plans B et les systèmes D boosteuront ton épargne et aideront à construire la Tunisie de demain, la Tunisie des citoyens responsables et non pas la Tunisie des consommateurs effrénés qui renflouent les caisses des paresseux hommes d'affaires qui ne réinvestissent pas leurs richesses.
J'ai déraillé dans tous les sens, mais la citoyenneté au concret, selon moi, c'est cela: Réfléchir, s'inscrire, construire, rester vigilent, dénoncer, désespérer des fois et renaître de ses cendres, écouter, lire, s'unir. Merci de m'avoir lu, je parie que mes lecteurs sont des internautes avertis qui pour la majorité se sont inscrits (ou convaincus, attendent l'occasion de le faire), j'ai toujours pensé que les abstentionnistes ne lisent pas les blogs. Ce texte, je l'ai écrit pour toi, qui t'es déjà inscrit, pour te mobiliser à aller vers les gens qui ne lisent pas, qui ne croient plus à un avenir meilleur, pour leur parler, pour essayer de les convaincre, pour les emmener dans ta voiture jusqu'au plus proches bureau d'inscription et les ramener chez eux, sans jamais.. JAMAIS essayer d'influencer leur vote.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire